Santé De La Faune

Du fait du braconnage, de la chasse, de la cueillette, mais aussi de la recherche scientifique et du tourisme, les interactions homme-faune sont de plus en plus fréquentes dans la forêt du Bassin du Congo et présentent certains risques sanitaires pour les animaux et les hommes. Le Parc travaille avec les communautés, les vétérinaires et les chercheurs pour limiter les risques de transmission de pathogènes, pour contribuer à une meilleure compréhension des zoonoses et pour une meilleure gestion de ces interfaces. Cette approche, à la croisée de la santé humaine, faunique et environnementale, appelée "One Health", est importante pour la conservation de la faune et comme pour la santé publique.

Les animaux saisis à des braconniers par les forces de l'ordre dans le nord du Congo sont envoyés dans notre centre de réhabilitation situé au siège du Parc à Bomassa. Les animaux sont testés avant de recevoir un traitement régulier et de subir des contrôles de santé pendant leur rétablissement, puis ils sont relâchés. Le centre de réhabilitation peut accueillir un grand nombre d'espèces telles que les pangolins, les petits singes, et les grands oiseaux comme les hiboux et les rapaces.

Les résidents les plus courants du centre de réhabilitation sont les perroquets gris, qui sont malheureusement encore très souvent trafiqués vivants pour être vendus en tant qu'animaux de compagnie. La capture de ces oiseaux sociaux et intelligents est particulièrement néfaste, car la réinsertion de ces animaux dans un nouveau groupe de perroquets à l'état sauvage est très difficile.

Une équipe de vétérinaires suit également la santé des grands singes habitués à la présence humaine dans les sites de recherche du Parc.

Dans le nord du Congo, sur une superficie de près de 50 000 kilomètres carrés, notre équipe de santé de la faune, en partenariat avec le Ministère congolais de la Santé, a sensibilisé 10 000 chasseurs et des milliers de femmes et d'enfants à l'importance de ne pas toucher les animaux sauvages trouvés morts dans la forêt du fait du risque de zoonoses (maladies transmissibles entre l'homme et l'animal).

Il leur est demandé d'appeler notre équipe qui peut être déployée dans leur village pour effectuer des tests sur la carcasse afin de détecter d'éventuels pathogènes tels que le virus Ebola. Dans le cas d'une propagation de l'animal à l'homme, ce système d'alerte précoce devrait permettre de prendre le plus rapidement possible les mesures de santé publique pour endiguer une possible pandémie.

L'équipe a mis en place des protocoles d'échantillonnage sécurisés et près de 50 personnes réparties à travers la région ont été formées aux techniques d'échantillonnage des carcasses pour un déploiement rapide sur le terrain. Les capacités de diagnostic locales ont également été améliorées, ce qui a permis de réduire les délais d'analyse de plusieurs semaines à quelques jours. Grâce à l'utilisation du thermocycleur Biomeme, le diagnostic des pathogènes peut désormais être effectué sur le terrain en quelques heures.

Depuis 2008, plus de 90 carcasses d'animaux sauvages ont été testées. Toutes ont été testées négatives au virus Ebola.

Depuis 2012, notre équipe a testé plus de 1200 chauves-souris à travers le Congo pour détecter des agents pathogènes ayant un potentiel zoonotique. Mené en collaboration avec le National Institute for Health (NIH) des États-Unis, cet effort de recherche se concentre sur les familles de virus zoonotiques dont les chauves-souris peuvent être des réservoirs naturels : Coronaviridae, Filoviridae et Paramyxoviridae.

En 2023, cet effort a été intensifié, avec la première collecte d'échantillons de chauves-souris dans la région de Brazzaville et de Ouesso, et le début des travaux d'échantillonnage de rongeurs dans le nord du pays. En outre, grâce à un nouveau partenariat avec la Fondation congolaise pour la recherche médicale (FCRM), des échantillons de sang ont également été prélevés en toute sécurité sur une centaine d'adultes associés au commerce des chauves-souris afin d'évaluer l'exposition potentielle à des maladies.

Ces efforts combinés de recherche à long terme permettent de mieux comprendre, et donc de mieux anticiper et répondre aux épidémies zoonotiques.