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La compréhension des écosystèmes est essentielle à leur protection. C'est pourquoi la recherche et le suivi de la faune sont au cœur de l'identité du Parc : la science guide les stratégies de conservation. Cette vision a fait du Parc National de Nouabalé-Ndoki un lieu de renommée mondiale pour la recherche scientifique et un endroit idéal pour l'observation et l'étude des comportements des grands singes et des mammifères dans leur habitat naturel. Le Parc accueille trois sites de recherche permanents et plusieurs autres projets de recherche. Découvrez-en plus ci-dessous :

Le Triangle de Djéké, où se trouve Mondika, est une zone de 100 kilomètres carrés de forêt intacte et non exploitée, qui a attiré l'attention des chercheurs depuis le début des années 1990 en raison de la densité incroyablement élevée de gorilles des plaines de l'Ouest. Le Triangle abrite environ 8 gorilles par kilomètre carré, soit près de 4 fois la densité moyenne de la région.

Le camp de Mondika existe depuis 1995, à partir duquel les chercheurs et les pisteurs ont habitué trois groupes de gorilles des plaines de l'Ouest à la présence humaine. L'habituation permet aux chercheurs d'observer quotidiennement les comportements des primates sans les perturber, et donc de mieux comprendre leur écologie et leur structure sociale, et de collecter des données à long terme. Mondika est l'un des cinq seuls sites d'habituation réussis dans l'ensemble de l'aire géographique du gorille de l'Ouest.

Lorsque ce site a été créé, il y a près de 30 ans, on ne savait pratiquement rien des gorilles des plaines de l'Ouest. Les efforts constants de chercheurs passionés ont permis de faire des découvertes majeures sur l'un des plus proches cousins de l'homme. Depuis 2023, le Triangle de Djéké fait partie du Parc.

Enclavé entre les marécages de deux rivières, Goualougo est une partie de la forêt particulièrement difficile d'accès, à tel point que les premiers scientifiques y ayant accédé ont rencontré des chimpanzés « naïfs », qui réagissaient à l'homme avec curiosité plutôt qu'en fuyant, suggérant ainsi qu'ils n'avaient encore jamais vu d'humains. Depuis 1999, les travaux de recherche à Goualougo se concentrent sur la structure sociale et le comportement des chimpanzés, et notamment sur les nombreux outils qu’ils utilisent.

L'étude des chimpanzés de Goualougo a révélé des comportements relatifs à l'utilisation d'outils qui n'avaient jamais été documentés ailleurs en Afrique. Le triangle de Goualougo a été intégré au Parc en 2012, et les travaux de recherche dans cette zone ont permis d'avancer significativement dans la compréhension de l'impact à long terme de l'exploitation forestière sur les chimpanzés.

Avec l'habituation d'un groupe de gorilles résidant sur le territoire de la communauté de Moto, Goualougo est également devenu le seul site de recherche où des chimpanzés et des gorilles habitués à la présence humaine cohabitent. Cela a permis de faire des découvertes sans précédent sur les interactions sociales entre différentes espèces de primates.

S'étendant sur 13 ha, Mbeli Baï est la plus grande clairière marécageuse de la partie sud du Parc. Le baï est un lieu sûr où la faune peut profiter d'un sol riche en minéraux et d'une abondance de plantes flottantes, et où de nombreuses interactions sociales peuvent être observées entre gorilles, éléphants et sitatungas notamment. Au bord de la clairière, une plate-forme d'observation de 9 m de haut permet aux chercheurs d'étudier ces espèces phares depuis 1994. Les données concernant la dynamique et la démographie des populations visitant le baï sont cruciales pour évaluer la vulnérabilité des populations aux menaces, prédire leur capacité à se reconstituer après un déclin et élaborer des stratégies de conservation efficaces. En raison du lent cycle de vie des gorilles et des éléphants, cela ne peut se faire que par une présence permanente des chercheurs et nécessite un investissement à long terme. Mbeli Baï est le site de recherche sur les gorilles des plaines de l'Ouest le plus durable au monde, et le second plus vieux site de recherche concernant les éléphants de forêt. Depuis sa création, 547 gorilles des plaines occidentales, 662 éléphants de forêt, ainsi que 150 sitatungas et 57 buffles de forêt ont été identifiés et sont reconnus individuellement.

Réalisé tous les cinq ans, l'inventaire de la faune sauvage de la région de Ndoki-Likouala vise à estimer la densité et l'abondance de différentes espèces de mammifères sur plus de 34 000 km² recouvrant des aires protégées et des exploitations forestières. Il s'agit d'un des programmes de surveillance les plus vastes, approfondis et instructifs de tout le continent.

Grâce à la méthode d'échantillonnage à distance, aux caméras pièges et à l'échantillonnage biologique, l'opération fournit des informations essentielles sur les populations d'animaux sauvages et leur santé, qui peuvent être utilisées pour évaluer l'efficacité des différentes stratégies de conservation et pour suivre les changements à long terme. Une centaine de personnes travaillent pendant 12 mois pour réaliser environ 300 transects.

Quatre inventaires de cette région ont été réalisés au cours des 20 dernières années, la dernière datant de 2022. Celui-ci pourrait être le dernier avant la construction de la route reliant Ouesso à Bangui, qui fragmenterait les écosystèmes de la région.

Après la découverte de grondements à basse fréquence et de communications infrasoniques chez les éléphants à la fin des années 1980, une nouvelle idée a émergé : écouter les éléphants de forêt même là où on ne peut pas les voir. Se basant sur cette idée, le Elephant Listening Project (Projet d'Écoute des Éléphants - ELP) est créé en 1999 au Centre K. Lisa Yang pour la bioacoustique de la conservation à l’université Cornell, avec pour mission de soutenir les efforts de conservation en surveillant les éléphants de forêt et les braconniers en plaçant des Unités d'Enregistrement Autonomes (UEA) dans les profondeurs de la forêt tropicale.

Depuis 2007, ELP travaille dans le Parc National de Nouabalé-Ndoki. En écoutant les sons de la forêt tropicale, le projet recueille des informations importantes sur les tendances des populations d'éléphants de forêt et sur l'utilisation du paysage, sur les lieux et moments où la chasse illégale à l'arme à feu est pratiquée, ainsi que sur l'influence de l'exploitation forestière et du braconnage sur le comportement des éléphants.